Vous allez encore me poser des questions sur Adèle? Je vous ai déjà expliqué que c’est elle qui faisait une fixette sur moi. Elle a fait de ma vie un enfer, elle faisait croire à tout le monde que nous étions mariés. Je n’aurais jamais dû me laisser séduire… Tout a commencé en 1853. Croyez-le ou non, j’ai toujours été intrigué par les théories occultes, le monde des esprits, toutes les choses dans ce goût là. Mon père, qui était pasteur disait que ce genre d’occupations étaient immorales, que c’était jouer avec le Diable. Alors lorsque j’ai entendu dire que les français qui résidaient à Marine Terrace pratiquaient le spiritisme, j’ai réussi à m’introduire auprès d’eux grâce à une connaissance en commun. C’est Adele qui a commencé à se coller contre-moi ces soirs là. Certes, nous sommes allés un peu plus loin que de simples embrassades. Mais je voyais bien que ses parents voyaient ça d’un mauvais oeil, et je ne vous parle pas de M. Vacquerie, qui aurait pu m’assassiner sur place s’il n’avait pas été aussi lâche. Bref certains soirs étaient exceptionnels : nous causions couramment avec la table ; le bruit de la mer se mêlait à des dialogues, dont le mystère s’augmentait de l’hiver, de la nuit, de la tempête, de l’isolement. Ce n’étaient plus des mots que répondait la table, mais des phrases et des pages. Elle était, le plus souvent, grave et magistrale ; mais, par moments, spirituelle et même, comique. Elle avait des accès de colère ; je me suis fait insulter plus d’une fois, pour lui avoir parlé avec irrévérence, et j’avoue que je n’étais pas très tranquille avant d’avoir obtenu mon pardon. Elle avait des exigences ; elle choisissait son interlocuteur, elle voulait être interrogée en vers, et on lui obéissait, et alors elle répondait elle-même en vers. Toutes ces conversations ont été recueillies, non pas au sortir de la séance, mais sur place, par Victor Hugo directement, et sous la dictée de la table…
Au mois d’octobre, les séances étaient aussi régulières que les visiteurs qui allaient en venaient par bateau pour rencontrer toute cette étrange communauté. Des gens de la familles, des amis, les Hugo étaient définitivement des personnes appréciées, et étaient dans une situation financière confortable à n’en pas douter. Je sais de source sûre que Delphine de Girardin était l’amie d’enfance de Napoléon III, et j’ai toujours été étonné de la voir papillonner autour d’autant de personnes qui lui étaient politiquement hostiles… Jules Allix avait tout de même été arrêté juste avant une tentative d’assassinat envers Napoléon… c’est une sacré raison de lui en vouloir. D’ailleurs je ne crois pas avoir déjà vu ces deux-là discuter ensemble. Je pense qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre une haine farouche, mais que leur sens de la mondanité les empêchait de montrer en public leur différents. Quoiqu’il en soit le matin du 24 octobre, j’ai vu le Docteur Emile et Madame Adèle discuter ensemble discrètement devant la chambre rose d’Adele. J’ai cru comprendre qu’elle était malade, ce qui, je dois vous l’avouer, m’arrangea car cela m’évitait le désagrément de devoir une fois de plus repousser ses avances. Rien d’autre de notable sur cette journée… quoique le soir, les frères Alix nous ont fait subir un bien piètre spectacle. Le premier, docteur émérite dont on dit qu’il ne tremble jamais, renversa une théière entière après n’avoir servi que son frère. Je nettoyais pour réparer sa bévue, l’odeur qui émanait du liquide renversé était d’ailleurs fort peu agréable. Le second s’est mis à se remuer par terre en pleine séance. Aucune idée de ce qui lui est passé par la tête. C’est tout ce dont je me souviens, j’espère vous avoir été utile.
Je me souviens bien de cette fin de matinée. Il faisait frais, tout le monde vaquait à ses occupations. Adèle Hugo m’avait proposé de faire une balade en bord de mer, mais Madame Foucher, sa mère, ne supportant pas de nous voir que tout les deux, insista pour que Delphine de Girardin nous accompagne. Alors nous sommes partis tous les trois. Je n’ai rien d’autre à dire, cette petite marche était fort agréable.
Cela risque de vous choquer, mais je pense que la personne la plus susceptible d’avoir volé le trésor et de se l’être accaparé serait Victor Hugo en personne. Il est tellement fier, tellement habitué à être au centre de l’attention, il aurait été tout à fait capable de conserver ce trésor pour lui tout seul, pour être encore privilégié quand d’autres n’ont rien !
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